J’ai l’habitude de ce métier mais aujourd’hui j’ai craqué. Il faisait trop froid, la situation était intenable. J’ai fini la journée en pleurant. Pas quelques larmes discrètes ma Jeannine, non: un torrent. Des larmes en cascade, incontrôlables et indissimulables. Mes collègues étant ce qu’ils sont – exceptionnels – ils m’ont consolée. Pas jugée une seconde sur le manque de professionnalisme que ces larmes seraient susceptibles de révéler. Certains naïfs ou abrutis pérorent sur le fait que les « métiers d’aide » se doivent de garder une certaine distance, que la compassion est nécessairement mesurée. L’affection est un gros mot dans nos métiers. On a une carapace, et c’est théoriquement ce qui permet de faire le job correctement. Ce soir ma carapace s’est fissurée.
Quand il fait froid
